Jean-Marie
Rien que l’évocation de ce prénom provoque le respect chez toutes les vachettes, tant les performances de notre champion laissent rêveurs. Quand on voit en effet ses chronos, les vitesses affolantes qu’il arrive à réaliser à vélo alors que rien que tenir en équilibre sur un seul bras nous paraît compliqué, ses classements sont tout de suite mis à leur juste valeur.

L’été 2023 restera dans les mémoires du club avec deux titres de plus au Championnats du Monde qui lui donnent définitivement une place d’honneur dans le Wall of Fame du club. Et cela restera également dans les siennes, avec deux courses pas si simples.

Il nous raconte…

Ironman 70.3 World Championship – Lahti, Finlande – 27 août 2023

Le 27 août se déroulaient les championnats du monde half Ironman à Lahti hommes (la veille, le 26, pour les femmes). C’est un première pour Ironman d’organiser les championnats du monde  si au nord en Europe.

La première chose qui frappe en arrivant à Helsinki, c’est la propreté, le côté cool des gens, c’est une véritable rupture avec la France. Pas de graffiti, les piétons traversent sur les passages protégés, les voitures respectent les limitations de vitesse, on se sent en sécurité. Lahti est située à 100 km au nord d’Helsinki. L’autoroute qui mène à Lahti est bordée de sapin, de lacs, un pur bonheur pour celui qui aime la nature.

Concernant la course, départ à 7h02 après les pros. Le parcours natation est exceptionnellement bien tracé, chaque bouée comporte la distance parcourue en centaine de mètres, les bouées sont parfaitement alignées, l’eau à 19° est limpide.
Un vrai régal, je sors en 40 minutes, c’est correct.

Le parcours vélo de 90 km est très roulant, vallonné, mais sans grande difficulté. Il est fait pour des rouleurs qui développent beaucoup de watts. Je ne suis pas avantagé avec un vélo traditionnel (non CLM) mais je m’en sors bien avec une puissance normalisée de 290W et près de 38 km/h de moyenne. Je pose le vélo avec un malvoyant et son guide et je me pose la question : quel est leur niveau en course à pied ? Nous sommes dans la même catégorie. Je pars sur des bases de 1h30, les jambes sont dures, il pleut, le parcours est très vallonné mais magnifique (tantôt forêt tantôt bord du lac, un vrai régal). On passe dans le stade de Lahti au pied des pistes de sauts à ski, je joue avec le public, ce qui me redonne de l’énergie. La fin est dure mais je m’accroche : j’ai gardé un bon rythme jusqu’à la fin, je ne peux pas laisser filer la victoire.

Je franchis la ligne au bout de 4h50 d’effort, un chrono très honorable. Je retiens que ma gestion de mes allures était bonne, je suis toujours resté dans mon plan de marche, le seul souci a été sur l’hydratation insuffisante provoquant des crampes sur le parcours course à pied.

Ironman World Championship – Nice, France – 10 sept 2023

Le 10 septembre 2023 avaient lieu les championnats du monde Ironman hommes organisés à Nice (et plus à Kona, Hawaï) pour la première fois. C’était une occasion inespérée de décrocher le titre de champion du monde dans la catégorie PC (“Physically Challenged“) à domicile.

Départ 6h50 pour les pro et 6h52 pour les paratriathlètes dans une mer à 25 degrés, la combinaison néoprène étant autorisée uniquement pour les paratriathlètes. Une natation magnifique avec un levé du jour somptueux sur les hauteurs niçoises. Un pur bonheur. J’effectue une natation en 1h24, un peu plus que prévu, mais honnête étant donné les fortes raideurs des muscles de mon bras gauche m’empêchant de poser une nage fluide. A noter des courants qui nécessitaient une réaction rapide sur les phases d’orientation.

Après une transition rapide, je m’élance sur la boucle de cyclisme de 180 km qui nous emmène dans l’arrière-pays niçois, un parcours avec 2 500 m de D+, exigeant mais de toute beauté : deux cols, des routes vallonnées en passant par Gourdon, Gréolières, Coursegoules. Un parcours qui m’avantageait en tant que cycliste. J’en profite pour discuter avec Laurent Jalabert sur la montée de Gourdon, tout va bien. Le  moral et l’envie sont là. En fait, je souffrais d’une tendinite au talon gauche, ce qui allait m’handicaper jusqu’à la fin de la course. Après un retour technique, vent de face vers Saint Laurent du Var puis Nice. Je posais le vélo en tête en un peu plus de 5h40 soit une moyenne de 32 km/h très honorable avec un bras sur ce parcours aussi exigeant.

A partir de ce moment, les choses se compliquent. Dès la descente du vélo, je boite et je dois faire un marathon dans la foulée. Je tente le coup et je pars en boitant sur la promenade des Anglais surchauffée par un franc soleil.  Le miracle se produit alors : malgré des douleurs aigües, j’arrive à switcher vers les aspects positifs qui me conduiront à finir. Ceci grâce à un public formidable qui me poussera jusqu’au bout. Je dirais aussi que c’est l’expérience des Ironman, des Embrunman, qui auront forgé un mental hors-norme et qui me serviront à accepter la douleur.  Je tiens à remercier en particulier les 5 CRS de la section 17 de Bergerac avec lesquels j’ai créé un lien très fort. Pour la petite anecdote, ils m’ont supporté à chaque passage et sur le dernier retour, alors qu’ils partaient en camion, ils ont stoppé net pour tous venir me voir et me dire « Tu es un champion, tu vas finir, c’est bon, c’est gagné », j’en avais les larmes aux yeux. Après un marathon que j’ai exécuté en mode course-marche, la douleur étant trop intense pour courir en continu, je passe la ligne d’arrivée en un peu plus de 12h00 après 4h40 de lutte pour ne pas arrêter la course, heureux comme jamais, fier d’avoir accompli un exploit physique et mental. Il y a des courses que l’on gagne non pas par le chronomètre mais  par sa résistance et son mental.

Nice & Lahti, par Jean-Marie
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